L’Abbaye de Mozac

L’église abbatiale Saint-Pierre et Saint-Caprais de Mozac est un haut lieu de l’art roman auvergnat grâce à la qualité de la sculpture de ses nombreux chapiteaux du XIIe siècle.

Classée monument historique en 1840, l’abbaye est également inscrite dans le « Grand itinéraire culturel européen » comme un des sites clunisiens emblématiques, label décerné par le Conseil de l’Europe à la Fédération européennes des sites clunisiens dont fait partie la commune de Mozac. Dans le Guide vert Michelin consacré à l’Auvergne, elle détient deux étoiles pour ses chapiteaux et le trésor constitué de la châsse de saint Calmin et de sainte Namadie.
<— L’abbaye aujourd’hui

Chronologie :

  • L’abbaye aurait été fondée au VIIe siècle par Calmin, duc d’Aquitaine et comte d’Auvergne, sous le règne du roi Thierry III (673-691). Selon la légende, saint Calmin aurait également bâti les monastères de Laguenne (en Corrèze) et du Monastier-Saint-Chaffre (Haute-Loire). Son épouse qui l’accompagnait dans son parcours aurait quant à elle fondé le couvent voisin des moniales de Marsat qui sera rattaché aux bénédictins de Mozac.
  • En 848, Pépin II d’Aquitaine transfère de Volvic à l’abbaye de Mozac les reliques de saint Austremoine, premier évêque d’Auvergne. Dès lors, l’abbaye, placée sous la protection royale, connaît un essor considérable et nécessite la construction dès les XIe et XIIe siècles d’une grande église abbatiale. Les chartes royales et les bulles papales se succèdent afin de doter l’abbaye d’un réseau d’une quarantaine de dépendances en Basse-Auvergne et dans le Bourbonnais. Parmi les prieurés les plus importants, on peut citer : Marsat, Royat, Saint-Germain-des-Fossés et Volvic. À proximité de Mozac, les curés de nombreuses paroisses sont à la nomination de l’abbé de Mozac : Ménétrol, Marsat, Saint-Genest-l’Enfant, Saint-Jean-d’en-Haut d’Enval, les trois églises de Volvic, Saint-Bonnet-Lachamp (Saint-Bonnet-près-Riom), Saint-Coust-Châtel-Guyon. L’abbaye de Mozac est surtout un gros propriétaire foncier et perçoit des revenus des dîmes, cens et autres loyers de ses fermiers.
  • En 1095, constatant une certaine décadence des mœurs des religieux, l’évêque Durand et le pape Urbain II donnent le monastère de Mozac à l’abbaye de Cluny (il s’agira du plus puissant ordre de l’Occident chrétien). Le monastère de Mozac restera clunisien jusqu’à la Révolution et pourra garder son titre d’« abbaye ».
  • On édifie au XIIe siècle une grande abbatiale romane. Elle fait partie des principales églises de Grande Limagne, au plan comparable à celui de Notre-Dame-du-Port à Clermont, Issoire, Saint-Nectaire, Saint-Saturnin, Ennezat… Du haut de leurs piliers, 47 chapiteaux témoignent encore de la période romane, qui marque son apogée architecturale.
  • Seule la nef centrale et le bas-côté nord (façade visible depuis la rue) sont d’époque romane, où le calcaire de Chaptuzat est majoritairement employé. Le reste de l’église (chœur, transept, bas-côté sud) ainsi que le cloître et les bâtiments conventuels ont été détruits par un tremblement de terre survenu dans la région riomoise en 1451. L’abbé Raymond de Marcenat fait restaurer l’église en style gothique et utilise massivement la pierre de Volvic. Les pierres romanes écroulées sont réemployées dans ces nouveaux murs. C’est pour cette raison que plusieurs chapiteaux romans sont exposés dans un musée lapidaire.
  • À la Révolution, l’abbaye n’accueille plus que six religieux qui doivent repartir dans leur famille. L’évêque récupère l’église et le presbytère pour le culte populaire. L’antique abbaye des bénédictins est sauvée et s’appelle désormais « paroisse Saint-Austremoine ».